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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/88

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Quelle femme n’a pas été tentée un instant d’être pour ces enfants timides et ignorants la femme véritable, la maîtresse qui leur révélera l’amour ?

Il y a dans toute femme une mère qui sommeille. Il y a dans toute femme un désir de câliner, de bercer, d’être protectrice, initiatrice même.

Est-ce chez nous une tendresse pareille à celle que l’on donne aux enfants, mélangée à un goût obscur de l’amour, ou bien est-ce une perversion naturelle de notre imagination qui nous fait profaner un sentiment sacré ? Est-ce le goût du viol qui prend chez la femme une forme plus en rapport avec sa nature ? Je ne sais. Mais ce qui est sûr, c’est qu’après la toute première jeunesse, la femme éprouve vite auprès d’un jeune homme de quinze ans une pensée d’éducation pour une science perverse qu’il n’apprend pas au lycée.

Une immense curiosité est dans les yeux des jeunes gens. On devine qu’ils n’ont pas encore pénétré le mystère de la femme, qu’ils en ignorent peut-être même jusqu’à la forme exacte. Leurs gestes sont maladroits, leurs yeux sont brillants et cernés par une insomnie dont on évoque la poésie sensuelle, dont on se représente les détails. Ils rou-