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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/89

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

gissent facilement et il y a un grand charme à les faire rougir. Le moindre regard un peu prolongé, la moindre pression de main à la dérobée les remplit d’émotion, et quelle volupté de faire naître un grand trouble par un petit geste !

Mon amie Y… eut — elle avait alors trente ans et elle était dans tout l’éclat de sa beauté — une véritable passion sentimentale pour un collégien de seize ans, fils d’une de ses amies. Elle m’a raconté qu’elle avait pleuré et souffert comme pour un véritable amant, davantage peut-être. Elle ne le voyait guère qu’en visites et il opposait toujours la plus désespérante froideur à toutes ses avances.

« Il avait de moi une terreur folle, me disait-elle. Il détournait les yeux quand mon regard se posait sur lui, et si je lui parlais, il ne me répondait qu’en balbutiant. Ses parents et moi dînions les uns chez les autres. Je mettais alors les plus troublants décolletés et m’arrangeais par de savantes dispositions pour être auprès de lui pendant le repas. Mais il mangeait gloutonnement, il ne coulait pas sur mes épaules la moindre œillade, et si mon genou s’égarait légèrement du côté du sien, il se dérobait aussitôt,

« J’étais humiliée et subissais les effets ordi-