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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/91

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

blier. Je m’exagérai encore ma passion et j’étais toute proche du désespoir.

« Or, un jour, on sonne à ma porte. Il était cinq heures. Ma femme de chambre fait entrer directement dans le petit salon, où je lisais. C’était lui. Je n’étais pas coiffée, je n’avais pas de corset et mon peignoir était ouvert. Je faillis tomber d’émotion. Quelle ne fut pas ma stupéfaction quand je l’entendis balbutier qu’il avait pensé trouver sa mère chez moi ! Je savais que sa mère passait toute l’après-midi ailleurs, c’était donc un prétexte. Il était tout rouge ; pour la première fois il me regardait fixement, il se tenait debout au milieu de la pièce.

« Que s’était-il passé en lui ? D’où venait ce changement ? Ses sens venaient-ils de s’éveiller et avait-il de moi une assez mauvaise opinion pour croire que, malgré ses dédains, je l’attendais, j’étais à sa disposition, tout comme une fille ? Cette pensée me révolta et je fis un geste pour le mettre à la porte. Mais en une seconde, ce qui faisait mon indignation causa mon désir, un désir violent, insurmontable. La porte était entr’ouverte, j’allai la fermer. Sans dire un mot, je le poussai sur une chaise…

« On pouvait venir d’un instant à l’autre. Il