Aller au contenu

Page:L’Art priapique, parodie des deux premiers chants de l’art poétique, 1864.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
V
PRÉFACE.

rains, je vous l’ai déjà dit, je me gausse de vos suffrages comme de vos clameurs. Mais mon âge me donne le droit de vous observer quel risque vous courez à n’avoir pas pour mon opuscule une vénération profonde, et voici comment je raisonne.

Toute langue n’est épurée qu’en proportion directe de la dépravation des mœurs, et elle n’est libre au contraire qu’en raison inverse de cette dépravation. Or, tout est bien dans ce monde, comme le prétend mon vieux camarade le docteur Pangloss, et le bien, selon les optimistes, a sans cesse tendance vers le mieux ; donc les mœurs, qui, quoi qu’on en dise, commencent à présent à s’épurer, seront un jour si chastes, que mon livre deviendra un livre classique, usuel. Ne voyons-nous pas Anacréon, Horace, Virgile même, tous classiques, imprimés de nos jours ad usum Delphini, malgré leurs déclarations ultramontaines à Bathylle, à Ligirinus, à Alexis ? Il est évident que les mœurs s’épurent, puisque les plus spécieuses autorités en faveur du péché de Sodome sont entre les mains de la jeunesse, avec approbation et privilège. Ainsi dans quelque temps mon ouvrage