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Page:L’Art priapique, parodie des deux premiers chants de l’art poétique, 1864.djvu/16

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VI
PRÉFACE.

sera donné à lire aux filles par leurs mères, aux nonnes par leurs abbesses, et il deviendra incontestablement une sorte de manuel pour tout le monde.

Supposez à présent qu’en tems et lieu un auteur quelconque trouve dans mon poëme on nouveau sens seulement aussi éloigné de celui que vous y verrez, pauvres taupes, que ce poëme va lui-même vous paraître éloigné de l’Art poétique ; ne concevez-vous pas facilement, par cette approximation, que mon opuscule peut cacher un traité profond de morale, un plan d’éducation nationale, qu’on peut trouver dans mes préceptes les grands principes de la législation, les trésors de la philosophie, le grand art de jouir et la véritable science du bonheur ?

Or, répondez, qui que vous soyez. Pouvez-vous prévoir, en effet, quel jugement la postérité prépare à ma production, et croyez-vous l’enchaîner par le vôtre ? Milton vivant ne trouva pas un imprimeur, et l’Angleterre l’admire ; Homère mendiait, et nous le vénérons. L’illustrissime de Nostredame, vulgairement nommé Nostradamus, était raillé par ses compatriotes, et il a été ensuite