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Page:L’Art priapique, parodie des deux premiers chants de l’art poétique, 1864.djvu/18

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VIII
PRÉFACE.

courtisan d’un esprit fin, délicat et profond ?

Environ vers l’an trois mille du monde, au milieu d’un peuple réputé plus éclairé que nous, dans un pays où l’on voit des géants, des pythonisses et des revenants, dans ce pays d’où nous avons tiré, nous qui n’inventons rien, et notre huile de Rheims et nos loges de francs-maçons, se serait-on jamais douté qu’un de ses rois, qui avait pris un ton fort égrillard dans son Cantique des cantiques, en y parlant de notre sainte mère l’Église, sous le nom de la fille de Sion, comme un mousquetaire gris aurait parlé d’une fille d’opéra, mériterait le surnom de sage, et qu’un autre de ses princes qui avait écrit si cruement ses joyeusetés avec sa maîtresse, acquerrait un jour la réputation de prophète ?

Ô réputation, réputation ! qu’es-tu ? Que si j’avais le temps, je ferais une belle et profonde dissertation sur la vanité, l’instabilité des choses humaines, et surtout des réputations. Je montrerais dans l’histoire sainte, à partir d’Adam, d’abord béni de son Créateur, puis maudit par toute sa race, une foule de personnages jugés par la postérité bien autrement qu’ils ne l’étaient de leur