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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/231

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échapper au souvenir, et certes n’aurions-nous jamais songé à rappeler sur son odyssée l’attention rétrospective de l’archéologue, si nous n’y avions été incité tout à la fois par les tendances littéraires du siècle et par le piquant d’une récente découverte.

Notre époque, en effet, raffole de petits papiers, de détails intimes, de lettres confidentielles, de révélations posthumes, de feuilles volantes en un mot, tourbillonnant, l’espace d’un matin, au vent capricieux de la mode qui les dispersera bien vite. Or, voilà que vient de nous tomber sous la main le journal manuscrit du monomane d’Ennezat, pages inédites sur lesquelles se prélassent : la grande conspiration du marquis de La Fayette, une charte constitutionnelle octroyée, d’un cabanon, au peuple français qui malheureusement l’ignora toujours ; les confidences épistolaires à Mme la duchesse d’Angoulême d’un frère méconnu ; la rencontre imprévue, en plein XIXe siècle, de Marie-Antoinette dans un magasin de Bordeaux et de Louis XVI à l’hospice de Saint-Yon. Était-il possible, je le demande, de soustraire un pareil document à la curiosité insatiable des chercheurs modernes ? Un consciencieux publiciste ne se devait-il pas au contraire d’en extraire aussitôt la substance et de la déposer en forme de brochure, à côté des Mémoires d’Auguste Nèves, de Richemont, de Naundorff et du Frère Vincent, sur les rayons déjà fléchissants de la bibliothèque Delphinienne ?

Le Dauphin de 1824 n’abusa pas d’ailleurs, de son vivant, des trompettes de la Renommée. N’ayant pas de commanditaires, il n’eut pas, comme plusieurs de ses confrères, des panégyristes attitrés, révolutionnant les masses à son sujet, arrachant des larmes et des souscriptions aux âmes sensibles. Tout au plus les journaux du temps lui consacrèrent-ils quelques entrefilets entre la chute d’un bolide et la délivrance d’une femme enceinte depuis 14 ans[1].

Après sa mort, les mémorialistes ne lui furent guère plus propices.

Dans son Dictionnaire biographique des Personnages connus du Puy-de-Dôme, M. Ambroise Tardieu ignore même son véritable

  1. Le Constitutionnel du 24 juin 1824. — La Feuille Nouvelle de Rouen, 1824-1825.