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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/238

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supérieur des troupes insurgées contre l’Autriche. Son séjour au sein de la république Parthénopéenne ne fut pas de longue durée. Il alla guerroyer en Espagne, puis en Grèce, et revint enfin en Auvergne.

Ces exodes singuliers, sans but apparent, sans motifs plausibles, coupés de retours imprévus, d’allées et venues en province, de voyages à Paris, d’apparitions dans des conciliabules suspects ne pouvaient manquer d’éveiller la sollicitude du gouvernement méfiant et ombrageux de la Restauration. La police du royaume et les administrations publiques étaient peuplées de fonctionnaires zélés, trop zélés souvent, voyant partout des complots contre l’État et des machinations de mécontents ourdies contre le trône. Le directeur de la Sûreté générale signala l’aventurier à M. du Martroy, préfet du Puy-de-Dôme, qui, sans autre forme de procès, ordonna qu’on le reconduisît à la frontière par application de la loi qui fait perdre la qualité de Français à tout individu ayant pris, sans autorisation préalable, du service à l’étranger.

L’ex-capitaine de lanciers n’était pas homme à s’incliner devant l’ukase qui tranchait arbitrairement une question d’état du ressort de la justice. Il regagna Paris sans attendre la visite de la maréchaussée et annonça qu’il allait saisir de sa protestation la Chambre des députés. Il informa M. du Martroy de ses intentions par une lettre fort cavalière que publièrent les feuilles de l’opposition : « Si la Chambre, disait-il, ne me rend pas justice et que décidément je ne sois plus Français, je ne ferai pas de réclamation. Je n’aurai pas besoin d’être escorté par la gendarmerie pour sortir de France, et je puis vous assurer que je ne suis pas en peine de me faire une nouvelle patrie où je n’aurai pas à craindre l’inquisition d’un préfet... Vous ne devez pas douter que votre attitude ne vous ait pas gagné mon estime ni mon amitié ; et il faut que vous soyez préfet français et moi pas même citoyen pour que je borne la satisfaction que je désirerais tirer de vous à publier votre conduite à mon égard. »

Maurice Persat donna-t-il suite à son projet ou recula-t-il devant les difficultés de l’entreprise ? Quoi qu’il en soit, il se réfugia en Angleterre.