Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/239

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Pendant ce temps, que devenait Victor que nous avons laissé dans ses pénates après la campagne de Russie ? M. Francisque Mège va nous le dire :

«  Pour s’occuper, il essaya d’abord de l’agriculture et se mit à faire valoir les terres que son père lui avait laissées. Mais son exploitation ne pouvait être bien productive ; il passait une partie de son temps à boire et à chevaucher. D’autres fois il conduisait lui-même au marché les produits de son domaine, à Clermont ou à Riom ; puis, après en avoir touché le prix, il le dépensait aussitôt en libations ou en largesses populaires. Les rapports de police constatent en effet que plusieurs fois il fut vu se promenant à cheval dans les rues de Clermont et jetant à pleines mains son argent aux passants.

» Un peu plus tard, il vendit tout ce qu’il possédait à Ennezat et acheta, pour y habiter, une petite propriété à Persignat, commune d’Aubiat, près Aigueperse. Il la revendit bientôt.

» Toujours en route, il allait et venait d’auberge en auberge, gaspillant sans compter ce qui lui restait de son patrimoine. Il parlait et gesticulait sans retenue, déclamant à tout propos contre les Bourbons. Dans les derniers mois de 1817, il se fit emprisonner plusieurs fois, notamment à Gannat et à Clermont. Dans cette dernière ville, il avait parcouru les rues à cheval en tirant des coups de pistolet et en criant : « Vive l’Empereur ! » Il fut chaque fois relâché comme ayant l’esprit quelque peu dérangé et n’ayant d’ailleurs causé de préjudice à personne.

» À la suite de ces diverses frasques, Persat quitta le département et se dirigea sur Cherbourg où il fit viser son passeport pour Londres. Mais au lieu de partir, il se mit à parcourir la Normandie, prenant tantôt la qualité de marchand de grains, tantôt celle d’ancien soldat de la garde impériale. Il se fit emprisonner une fois pour avoir arrêté un voyageur près de Honfleur et l’avoir forcé à crier : « Vive l’Empereur ! » Il fut renvoyé faute de preuves.

» Il voulut ensuite s’engager dans les dragons du Calvados, en garnison à Châteaudun. Le colonel refusa de le recevoir... Il ne fut pas plus heureux dans ses démarches pour être admis dans la garde