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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/247

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Je ne connais directement comme auteur de ce noir complot que le marquis de La Fayette. Je soupçonne Talleyrand de Périgord et Chateaubriand d’y avoir participé, mais je n’en ai aucune preuve. Un jour peut-être connaîtra-t-on la définition exacte de tout cela.

Le marquis a toujours tenté de dissimuler ses visées sous le masque du républicanisme. Toutefois son ambition avait été percée à jour. Qu’on en juge par les documents que je place en tête de ce manuscrit et notamment par le Moniteur du 20 germinal an VI, n° 200, folio 802.

Ce numéro contient l’extrait d’une pièce trouvée dans les papiers de Durand-Maillanne et lue au cours de la procédure entamée contre cet ex-conventionnel. On y lit :

« On sait que lors de l’assemblée des notables, Monsieur, frère du Roi, rêvait déjà de se faire proclamer tout au moins régent du royaume. Le duc d’Orléans était alors favorable à ces vues qu’il a ensuite abandonnées.

» La Fayette trempait également dans ce complot, mais seulement pour masquer le sien propre. Tous ceux qui ont été en Amérique avec lui déposeront qu’ils lui ont entendu dire publiquement et plus d’une fois : « Quand est-ce donc que je me verrai le Washington de la France ! » Il voulait en faire une république fédérative. S’il eût été nommé maire de Paris, il avait pour lui la garde nationale, on l’aurait vu sauter de son fauteuil de maire sur le trône... »

Ce but, La Fayette l’a poursuivi avec acharnement, aidé en cela par M. de Robespierre, son agent, et par plusieurs hommes de sang de l’époque. Il a voulu le réaliser en se servant de moi. C’est pourquoi il m’a fait enlever du Temple et transporter dans son département, comptant que ma tendre enfance ne pourrait résister à ses efforts. Qui sait s’il n’aurait pas réussi sans l’avènement de Napoléon qui traversa ses entreprises et me permit d’arriver à l’âge d’homme. C’est pourquoi encore il m’a fait reléguer plus tard à l’île de Cuba, d’où je ne suis sorti qu’après qu’il a eu pris ses mesures pour me réduire à la position où je me trouve.

Si j’ai conservé l’esprit et si je n’ai pas subi le sort de mon père, c’est que Dieu a voulu manifester sa sauvegarde. Je n’ai eu que lui pour soutien. Sans effroi, j’ai supporté de bien douloureuses et de bien longues tribulations. Mon courage m’inspire confiance en l’avenir. Je ne faiblirai pas dans la lutte, dussé-je y perdre la vie.

Ma Vie

On croit communément, sous la foi de plusieurs écrivains, que le dernier fils de Louis XVI est né en 1785. C’est une erreur qui a été propagée pour me faire tomber en défaut, parce que je suis né en 1790.