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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/248

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La vérité est que le roi eut de Marie-Antoinette cinq enfants :


En 1778, Madame la duchesse d’Angoulême ;
En 1781, le Dauphin, mort en 1786 ;
En 1785, le duc de Normandie, mort en 1789 ;
En 1787, un prince qui ne vécut que quelques jours ;
En 1790, moi, qui fus reconnu héritier présomptif sous le nom de Charles-Philippe, prince de Navarre. L’Assemblée qui gouvernait alors fut cause que je ne fus pas nommé Dauphin de France, parce qu’elle avait supprimé ce titre.


Ceux auxquels la fatalité m’a livré ont accumulé les précautions pour écarter ces faits de l’histoire.

Je fus enlevé du Temple au mois de février 1793, un mois après la sortie de mon père. J’avais trois ans à cette date et je lisais couramment.

Ce fut un « norgue » qui favorisa mon évasion en m’introduisant dans sa boîte sans gêner la musique et qui substitua à ma place dans la prison un enfant nommé Mathurin Bruneau, ainsi que la lecture du jugement de ce dernier en fournit la preuve.

Je passai ensuite dans la hotte d’un colporteur qui me transporta dans une maison hospitalière où je demeurai durant deux ou trois jours et où je fus comblé de caresses. De là, toujours enfermé dans le coffre, je fus conduit en un château situé sur une petite montagne distante d’environ trois lieues de Riom en Auvergne. Le château était habité par deux dames auxquelles on me livra.

Les dessins ci-après font connaître du reste les principaux incidents des trois premières années de mon existence.

Le manuscrit contient en effet divers croquis bizarres destinés à fixer dans l’esprit du lecteur le détail des lieux et des personnages témoins d’aussi mémorables événements.

Le premier représente le Louvre de Versailles, où l’auteur naquit le 20 juin 1790. Avec son toit pointu, ses deux étages percés chacun de cinq fenêtres de façade, ses communs en retour d’équerre aux flancs de la cour et sa grille de fer les reliant, on dirait le bastidon ou la villa d’un bon bourgeois. Cependant le drapeau flotte au faîte de l’édifice et sur le couronnement de la porte.

{{taille|Le deuxième offre la vue d’une aile des Tuileries et le plan de l’appartement d’angle dans lequel les fils du comte d’Artois vinrent prendre congé de la reine et de leurs cousins avant de partir pour l’émigration. Un numéro désigne la place occupée par chacun des interlocuteurs. On voit dans l’embrasure d’une croisée donnant sur