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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/266

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n’importe, roi de France et de Navarre, né à Versailles, au palais des rois de France, le 20 juin, l’an 1790.

» Je déclare solennellement que je ne suis pas marié ; que si je meurs, l’un de mes oncles ou leurs enfants sont mes seuls héritiers ; mais que, plutôt que de voir passer la couronne sur la tête de descendants de Philippe-Égalité, j’appellerais de tous mes vœux le règne de Napoléon II.

» J’habitais avec mes parents la maison dite la Tour du Temple. J’en fus enlevé, à l’instigation de La Fayette, un mois après la sortie de mon père, par un joueur d’orgue dont l’instrument était construit de manière à ce qu’il pût contenir un enfant de 3 ans sans gêner la musique. Si vous voulez savoir qui était le joueur d’orgue, ou l’abbé Rose, interrogez les camarades de mon enfance ; ils vous diront peut-être aussi quelles étaient les dames de la montagne à qui l’on me confia.

» Mon premier métier fut de servir ma patrie ; quand cette ressource me fut enlevée, je pris la truelle et l’équerre pour gagner ma vie. J’ai donc négligé l’éloquence, et vous ne pouvez attendre de moi un discours d’orateur. Il n’est pas dit que tout le monde soit né pour le barreau. De plus je suis faible et ma voix est chancelante ; mais ne croyez pas que ce soit la crainte qui me fasse trembler. Dix mois de cachot et le souvenir des malheurs de ma famille suffisent, je pense, à émouvoir ma parole. »

Persat raconte alors ce que nous savons déjà et entre dans l’exposé des mobiles qui ont poussé La Fayette à favoriser son évasion, ainsi que des intrigues mises en œuvre contre lui par le général jusque dans l’île de Cuba. Et sur un signe de doute du Président, il s’écrie :

« Il paraît que vous êtes dans l’ignorance des desseins du marquis. Eh bien, sachez qu’il est le principal promoteur des malheurs de mes parents et de la France. Les excès de la Révolution sont son ouvrage. Toutes les victimes le désignent au tribunal de Dieu. Peut-on douter qu’un être semblable ait balancé à faire assassiner le duc de Berry, dont l’esprit entreprenant lui portait ombrage ? Les autorités du Havre qui m’ont arrêté à mon débarquement sont, comme le fut jadis Robespierre, les agents de cet ambitieux. Elles ont soustrait mes papiers, elles ont travesti mes déclarations à leur fantaisie pour me détenir comme dément ; elles ont même fait défigurer mon nom par les journaux, afin que le roi ne fût pas instruit de mon retour. Ah ! si nous étions en 1792, j’aurais déjà subi le sort de mon père !

» Je sens bien, ajoute-t-il en terminant, que la loi ne me protégera pas. Mais un passage de l’Évangile vous dit : « Si vous jugez, veillez à ce que