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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/269

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la tache, en révélant le nom de l’infâme Tartufe dont les diaboliques intrigues ont causé ses calamités. Peut-être croirez-vous m’entendre nommer Napoléon ! Non ; Napoléon fut un grand homme qui a sur servir l’État. Celui qui a causé ses maux est un lâche ; c’est LA FAYETTE qui, au moindre péril, se sauva à l’étranger. On ne l’a pas trouvé dans les rangs de nos guerriers, marchant à la victoire, défendant nos foyers. Je lui ferais trop d’honneur en le comparant à Cartouche et à Mandrin. Ces brigands ont eu quelques vertus, notre ennemi commun n’en possède aucune. Je n’ai pas besoin d’avocat pour dénoncer à la nation le bourreau des Français, non plus que pour plaider ma cause. Un soldat tel que moi, qui a su faire son devoir sur les champs de bataille, saura bien affronter tout seul la Justice et la Vérité. »

Après cette virulente entrée en matière, l’orateur déclare qu’il va établir deux points : 1° Qu’il n’est pas Victor Persat ; 2° Qu’il est bien l’illustre légitime fils de Louis XVI.

« Le tribunal du Havre m’a pris pour un individu domicilié à Ennezat et devenu fou à la suite d’un coup de feu reçu à la tête.

» Eh bien, je ne prétends pas qu’il n’existe pas un nommé Persat, porteur d’une cicatrice. Plusieurs individus de ce nom sont en effet domiciliés à Ennezat, tous frères de l’auteur de la fameuse lettre au Constitutionnel. Mais ce ne saurait être moi, d’abord parce que je n’ai pas de cicatrice à la tête, ensuite parce que je ne suis pas domicilié à Ennezat.

» Que l’on fasse vérifier les faits.

» On verra que je ne porte à la tête aucune trace de coup de feu. Je n’ai à la tempe qu’une marque de la largeur d’une pièce de 10 sols. En l’examinant au microscope, on y lira les lettres L. A. C. X., qui sont le signe de reconnaissance tracé par la famille royale.

» En ce qui touche mon domicile, il est à Aubiat et non à Ennezat. J’ai été poursuivi à Lisieux (Calvados), en janvier 1818, correctionnellement, et acquitté sous l’indication d’un domicile à Aubiat. Le même fait s’est produit lorsque je fus traduit devant le tribunal criminel de Riom. Enfin, avant de partir pour les colonies, j’ai laissé à Mme Persat une procuration portant la même mention, passée devant Me Hébrard, notaire à Riom, près la fontaine des Lignes, – ce qui, soit dit en passant, prouve d’une façon surabondante que je jouissais de tout mon bon sens. Le juge de paix d’Ennezat, qui a fourni des renseignements erronés, n’est qu’un agent de La Fayette.

» Donc le jugement du Havre qui m’a été signifié ne me concerne pas.