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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/280

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Il a saisi l’allusion : La Trinité se passe. Il m’a dit que si j’adoucissais ma poésie, ma captivité s’adoucirait. Je lui ai alors donné lecture de mon conte sur L’Hermite et les Rossignols qu’il met en cage. Hélas ! une fois prisonniers, les beaux oiseaux chanteurs qui le charmaient se changent en simples moineaux. Je lui ai enfin donné connaissance de mon conte sur un Navire naufragé. J’écris en prose de mon invention. Il a prétendu que je me nourrissais d’idées.

7. — Entre temps, j’ai arrêté le plan d’une maison de campagne, tout à la fois utile et agréable, celle que je désire occuper.

11. — J’ai fait savoir au Conseil d’administration de l’hospice que l’autorité du préfet ne saurait le mettre à couvert de la sévérité des lois, à raison de la séquestration arbitraire que je subis.

12. — J’ai tracé sur les murs de ma cabine quelques-unes des scènes qui doivent figurer dans les cadres de ma colonne des héros. Je citerai parmi elles : Eugène Beauharnais refusant de servir en 1815 ; Cambronne à Waterloo ; Moreau dans sa retraite ; Desaix à Marengo ; le maréchal Bonaparte au pont d’Arcole ; La Tour d’Auvergne, Jean Bart, Louis XIV ; les batailles navales de Duguay-Trouin (Persat écrit le duc è Trouin) ; Henri IV ; François Ier écrivant à sa mère : « Tout est perdu, fors l’honneur. »
Plus loin, dans mon dessin, on voit un cavalier saluant l’édifice et prêt à se mettre en route ; au bout de la route, un calvaire, emblème de la justice de Dieu et des hommes ; plus loin encore, un pont, à l’entrée duquel est un vieillard ; près du vieillard, un serpent et un aigle, figurant la tentation du mal et la destruction si l’on succombe, car, malgré la solidité du pont, on n’est pas sûr de le traverser. À la suite se trouvent un champ et un colombier, munis d’attributs agricoles, ce qui symbolise que le travail procure l’abondance, et l’abondance le bonheur et la vertu.
Je compte y placer encore Louis le Grand se reprochant la faiblesse qu’il a eue d’aimer les femmes d’autrui ; puis figurer le danger que l’on court en épousant une femme qui n’est pas de son goût, ce qui est impardonnable. Mes allégories seront encore très compliquées.

16. — Voici les personnes de la famille royale que j’ai reconnues. Louis XVI, sous le nom de Fauquet ; son épouse, en homme, sous le déguisement de Haguenon, de l’hospice de Rouen ; ma sœur, sous la figure de Lucien, orphelin de l’hospice des Enfants-Trouvés. Pommier Baronet doit être le duc de Berry ; celui qui a été assassiné à sa place ne s’attendait pas à ce qu’on lui fasse passer le goût du pain. Sœur Isidore serait la fille du comte d’Artois. Un nommé Letellier voudrait bien passer pour le duc d’Angoulême, mais il ne l’est pas, car j’ai rencontré