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Page:L’Héritier de Villandon - L’Avare puni, 1734.djvu/10

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L’AVARE PUNI.

Jeune, bien-fait, galant, sage, respectueux,
Et de qui la valeur brillant du plus beau lustre
Avoit encore rendu le grand nom plus fameux,
S’avisa de brûler pour elle,
Il devoit moins qu’aucun convenir à la Belle ;
Car malgré ses titres pompeux,
Et de ses qualitez l’assortiment heureux,
Il n’avoit pourtant point la plus essentielle ;
C’étoit un grand Seigneur, mais gueux.
Cependant l’aimable Nantide,
(C’est ainsi qu’on nommoit cette fille d’Ernoux)
Aimant le merite solide,
Le regarda d’un œil fort doux.
Comme elle étoit modeste, elle paroissoit fiere,
Et quoi que très-sensible aux soins du Cavalier,
Pour quitter avec lui cette apparence altiere
Elle se fit long-temps prier.
Enfin elle avoüa qu’Imbert sçavoit lui plaire,
Et même lui promit de couronner son feu,
Pourvû qu’il obtînt de son pere
Pour son ardeur un favorable aveu.
Cet Amant, transporté d’une joye incroyable,
Ne songea plus qu’à trouver un moment
Qui lui fût assez favorable
Pour avoir ce consentement.
Mais malgré son ravissement,
Il craint pourtant beaucoup dans l’espoir qui le guide.
Il avoit peu de bien, & sçavoit fort qu’Ernoux
Au gré de ses souhaits pouvoit faire à Nantide
Du plus riche Seigneur aisément un époux.
Cependant flatté d’espérance

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