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Page:L’Héritier de Villandon - L’Avare puni, 1734.djvu/21

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L’AVARE PUNI.

Qui pour le duper mieux, mit bas toute rigueur.
D’ailleurs elle aimoit la fleurette :
Mais, à s’expliquer sans détour,
Ce vieux Artaut étoit un remede d’amour.
Pour ses écus pourtant toujours pleine de zele,
En sa faveur encor elle prêcha la Belle,
Et n’y gagna pas plus que l’autre fois.
Plus que jamais ardent, fidéle,
Imbert attaché sous ses loix,
Sembloit ne vivre que pour elle :
Ainsi sans nul égard elle avoüa tout haut
Son amour pour Imbert, sa haine pour Artaut,
Et défendit à la Soubrette
De lui parler jamais de ce hideux Objet.
La Friponne étoit adrette,
Et bien-tôt forma son projet ;
Subtilement du vilain homme
Elle pensa du moins d’escroquer quelque somme
Pour prix de ses soins empressez,
Qui seroient sans cela fort mal récompensez.
Dès qu’il lui parla donc de sa flamme amoureuse,
Et du fonds qu’il faisoit sur son adroit esprit,
Elle lui dit d’un air contrit
Que Nantide vouloit être Religieuse,
Et brûloit de l’ardeur d’avoir l’occasion
De suivre sa vocation.
Il lui prend là, dit-il, une subite envie :
Mais n’est-ce point plûtôt la folle impression
De quelque tendre passion
Qui la porte à chercher un tel genre de vie ?
Non, dit-elle, ce n’est que par dévotion :

Depuis