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Page:L’Héritier de Villandon - L’Avare puni, 1734.djvu/22

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L’AVARE PUNI.

Depuis un certain temps nuit & jour elle prie,
Et comme un zele ardent avec elle me lie,
Je me ferai voiler par imitation.
Tu parois trop sensée & trop jolie,
Pour faire, dit Artaut, une telle folie ;
Et ce n’est pas aussi d’aujourd’hui que je croi
Ta Maitresse moins belle & plus sotte que toi.
Ce freluquet d’Imbert, qui vient tant chez son Pere,
Peut-être aura sû trop lui plaire :
Tels Breteurs n’ont jamais un sou :
Ernoux n’étant pas assez fou
Pour vouloir lui donner sa Fille,
Elle ira sotement s’enfermer d’une grille.
Ah ! que vous êtes entêté,
Reprit brusquement la Suivante :
Je vous l’ai déja dit : C’est pure piété.
Que cela soit, ou non, Charmante,
Repliqua le Barbon d’un ton tout radouci,
Si tu veus seulement m’être un peu complaisante,
Je me moque de tout ceci.
Je voi bien, Monsieur, lui dit-elle,
Que vous ne me connoissez pas :
Malgré ma gayté naturelle,
Je n’en ai pas le cœur plus bas :
De ma Maitresse enfin je veux suivre les pas.
Quoi qu’Artaut en eût dit, il a martel en tête ;
Dès que la nuit vient, il s’aprête
Pour entrer au logis d’Ernoux :
Si Nantide aime, elle a, dit-il, des rendez-vous ;
Surprenons-y celui qui sçait charmer l’Ingrate.
Les brutaux comme lui, pleins de grossiers projets,

B