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Page:L’Héritier de Villandon - L’Avare puni, 1734.djvu/27

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L’AVARE PUNI.

Quoique cette jeune Suivante
Fût loin dans le fond de son cœur
De rendre du Barbon la passion contente,
Elle parut en tout approuver son ardeur.
Elle se faisoit grande joye
D’attraper le Fripon, & bien elle s’y prit ;
Car à jamais sans cet écrit
Elle n’en eût tiré que mauvaise monnoye.
Vraiment par tout ce qu’il a dit,
Se disoit la finette, il croit me rendre dupe ;
Mais il verra le radoteur,
Quoiqu’à fourber nuit & jour il s’occupe,
Qui sera dans ceci le plus rusé trompeur.
Artaut que son amour engage,
La quitte, & va dès le moment
Tracer le fatal grifonnage
Qui lui juroit sa foi de mariage.
D’avance il en conçoit un doux ravissement,
S’imaginant que la Soubrette
Agaçante, vive & folette,
Viendroit à son but aisément.
De promettre, un Fripon jamais ne se fit peine.
Pour qui sçait bien plaider toute promesse est vaine,
Se disoit-il : Ainsi content, & plein d’espoir
Il s’en retourne dès le soir
Passionné remettre à sa Maitresse
En bonne forme sa promesse.
Elle l’accepte avidement,
La serre précieusement :
Mais lorsqu’elle voit qu’il s’apprête
À conter les feux tête à tête,