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Page:L’Héritier de Villandon - L’Avare puni, 1734.djvu/26

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L’AVARE PUNI.

Si tout dans le jardin étoit en solitude.
Artaut se met à fuir saisi d’inquietude,
En se recommandant à Dieu,
Rempli d’effroi, de trouble & de chimere,
Ciel ! dit-il, l’affreuse misere
S’il faut être d’Imbert rencontré dans ce lieu !
Enfin tout essouflé d’avoir couru si vîte,
Échappé du jardin il regagne son gîte,
Et revenu de sa frayeur,
Il se livre à l’espoir, & repasse en son cœur
Les mots flateurs de la Suivante ;
Et se faisant un point d’honneur
De ne pas languir dans l’attente,
Tout aussi-tôt qu’il fit grand jour,
Il fut lui conter son amour.
Il lui dit que l’ardeur de sa flamme brûlante
Lui donne lieu de tout oser,
Et que malgré le Prince il la veut épouser.
Il ajoute qu’il faudra faire
Avec grand secret cette affaire,
Puisque depuis deux jours il vient de s’excuser
D’épouser une aimable Fille,
Fort riche & d’illustre Famille,
Qui du Comte toujours se vit favoriser :
Mais qu’il veut cependant faire preuve de tendresse
À sa chere Maitresse,
En attendant le jour heureux
Qu’il l’épouse en public, pour comble de ses vœux ;
Qu’il veut bien en signer la fidelle promesse ;
Mais qu’il prétend aussi (tant son ardeur le presse)
Qu’après on couronne ses feux.

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