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Page:L’Héritier de Villandon - L’Avare puni, 1734.djvu/30

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L’AVARE PUNI.

Monsieur le Vilain[1], mon audace
D’oser vous démentir en face :
Vous vous trompez ; j’ai fort de quoi donner,
Quand ce ne seroit que vous-même,
Dont je prétends tout à present
À ce Baron faire present.
Saisissez cet Avare extrême,
Dit le Comte au Seigneur Ernoux,
Enfermez-le des mieux sous grilles & verroux,
Faites-lui bien faire Carême
Tant qu’il vous ait donné d’argent un bon amas
Pour finir tous vos embarras.
Ce vieux fourbe dans mes finances
A volé des sommes immenses :
De tous mes droits je vous fais don,
Faites-les valoir tout de bon.
Ernoux charmé de la maniere
Et généreuse, & singuliere
Dont le Souverain l’obligeoit,
Emmene Artaut, qui fremissoit
De dépit, de honte & de rage,
Et tout d’abord le met si bien en cage.
Que ses soins pour sortir furent tous superflus,
Qu’il n’eût au vieux Baron donné cent mille écus,
Dont il fit une dot à sa Fille charmante.
Ce n’est le tout : la finette Suivante
Voyant le vieux pillart dans cet état réduit,
De sa promesse fait grand bruit,

  1. Terme du discours du Comte de Champagne rapporté par le Sire de Joinville,