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Page:L’Héritier de Villandon - L’Avare puni, 1734.djvu/31

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L’AVARE PUNI.

Et dit qu’il faut qu’un mariage
Pour le laisser sortir sa parole dégage.
Quoiqu’elle affectât grand couroux,
Elle n’espéroit pas l’obtenir pour époux
Et vouloit seulement tirer de cet Avare
De quoi se prémunir contre le sort bizare.
Il arriva que le succès
Surpassa beaucoup ses souhaits.
Le Comte informé de l’affaire,
Et las de plus d’un mauvais tour
Que faisoient frequemment les brigands en amour,
Voulant qu’à l’avenir on leur fût plus sévere,
Sans écouter Artaut, qui vouloit s’excuser,
Ordonna qu’au plûtôt il eût à l’épouser.
Ainsi la justice du Comte
Jointe à sa libéralité,
D’une maniere vive & prompte
De Nantide & d’Imbert fit la félicité.
Ainsi le fourbe Artaut qui prétendoit séduire,
Loin d’en avoir sujet de rire,
Se voit contraint soudainement
De se resoudre, & sans raisonnement,
À l’hymen d’une simple Fille
De la plus obscure famille,
Sans rang, sans credit, sans écus,
Et fort gaillarde, par-dessus.
Les deux jeunes Amans se livrent à la joye,
Et pour célébrer les beaux nœuds
Dont l’hymen les unit tous deux,
L’on voit par tout briller l’or & la soye,
Tout le monde à la Cour paroît d’eux enchanté,