Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la puissante renommée, cette voix de Jupiter qui retentit en tous lieux aux oreilles des hommes. [284] D'abord, rends-toi à Pylos et interroge l'illustre Nestor ; puis tu iras à Sparte, auprès du blond Ménélas, de celui qui arriva le dernier de tous les Grecs à la cuirasse d'airain. Si tu apprends que ton père respire encore et qu'il se prépare au retour, attends-le, malgré tes peines, durant une année entière ; si au contraire tu entends dire qu'il a péri et qu'il n'existe plus, tu reviendras dans ta chère patrie, tu érigeras un tombeau à Ulysse, tu célébreras en son honneur de pompeuses funérailles, et tu donneras un époux à ta mère. Dès que tu auras rempli ces devoirs, songe au fond de ton âme par quels moyens tu pourras exterminer dans ton palais, soit ouvertement, soit par ruse, tous les prétendants. Il ne faut point te livrer à des jeux puérils, puisque tu n'es plus un enfant. N'as-tu pas appris quelle renommée s'est acquise parmi les hommes l'illustre Oreste en immolant l'infâme et parricide Égisthe qui tua le célèbre père de ce héros ? Ami (je te vois grand et beau), sois donc fort aussi pour que la postérité parle de toi avec gloire. Mais il est temps que je retourne vers mon rapide navire, près de mes compagnons qui sans doute s'impatientent de mon absence. Quant à toi, retiens bien mes paroles et mets à profit mes conseils. »


Le prudent Télémaque lui répond aussitôt :

« Étranger, tu m'as adressé du fond de l'âme des paroles amies comme le fait un père à son fils : aussi je ne les oublierai jamais. Mais, quoique tu sois pressé de partir, demeure encore en ces lieux pour goûter les douceurs du bain et te réjouir le cœur ; puis tu emporteras sur ton navire un don précieux et magnifique, qui te comblera de joie et sera pour toi un gage de mon souvenir comme ceux qu'offrent aux étrangers les hôtes bienveillants. »


Minerve, la déesse aux yeux d'azur, lui dit :

« Ne me retiens pas plus longtemps, car je désire continuer ma route. Quant au présent que m'offre ton cœur, tu me le donneras lorsque je serai de retour, pour que je puisse l'emporter dans ma demeure ; alors j'accepterai ce don superbe, et, en récompense, tu en obtiendras un digne de toi. »


En achevant ces mots. Minerve aux regards étincelants, s'éloigne