Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/78

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Que l'un de vous aille dans les campagnes pour amener promptement en ces lieux une génisse conduite par un pâtre ; qu'un autre se rende vers le sombre navire du magnanime Télémaque ; qu'il conduise ici tous les compagnons du fils de Pénélope et qu'il n'en laisse que deux sur le bâtiment; qu'un autre, enfin, appelle parmi nous l'orfèvre Laercée pour qu'il entoure d'or les cornes de la génisse. Vous tous, restez ici ; ordonnez aux esclaves de préparer un repas superbe, et d'apporter les sièges, le bois et l'onde limpide. »

Il dit, et tous s'empressent d'obéir. La génisse arrive des champs ; les compagnons du courageux Télémaque reviennent du navire égal et rapide ; l'artisan Laercée se présente, tenant entre ses mains les outils, instruments de son art, l'enclume, le marteau, et les tenailles faites avec soin, qui lui servent à travailler l'or ; Minerve apparaît aussi pour assister au sacrifice. Le chevalier Nestor donne l'or ; et Laercée, après avoir forgé le métal, le place attentivement autour des cornes de la génisse, afin que la déesse soit satisfaite en contemplant ces ornements. Stratios et Échéphron conduisent la génisse par les cornes ; Arétos sort de l'appartement, en portant de l'eau dans un vase orné de fleurs variées et en tenant de l'autre main une corbeille remplie d'orge divine. Le belliqueux Thrasymède, debout avec sa hache tranchante, est prêt à frapper la victime, et Persée porte le vase qui doit recueillir le sang de la génisse. Le vieux chevalier Nestor répand d'abord l'eau pure et l'orge sacrée, puis, commençant le sacrifice, il adresse de nombreuses prières à Minerve, et il jette au feu les poils arrachés à la tête de la victime.


Lorsqu'ils ont prié et répandu l'orge sacrée, le magnanime Thrasymède, fils de Nestor, s'avance et frappe l'animal : la hache tranche les nerfs du cou et anéantit la vigueur de la génisse. Aussitôt les filles de Nestor, les femmes de ses fils, et sa pudique épouse, Eurydice, la plus âgée des filles de Clymène, prient à haute voix. On soulève ensuite de terre l'animal expirant, et Pisistrate, chef des guerriers, l'égorge : un sang noir jaillit à larges flots, et la vie abandonne le corps de la victime. Bientôt on la divise ; on sépare les cuisses selon l'usage ; on