Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/84

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et conduis ces étrangers ici pour qu'ils participent à notre festin.»

Il dit. Étéonée parcourt aussitôt le palais, appelle les autres serviteurs diligents et leur commande de le suivre. Ceux-ci s'empressent d'ôter le joug aux coursiers baignés de sueur; ils les amènent dans l'étable et les attachent au râtelier ; puis ils leur apportent de l'épeautre[1] qu'ils mêlent avec de l'orge blanche ; ils inclinent ensuite le char contre la muraille éclatante de la façade[2], et ils introduisent dans l'auguste demeure les étrangers qui sont à l'instant frappés d'admiration à la vue du palais de ce roi chéri de Jupiter : le palais élevé du glorieux Ménélas brillait ainsi que les rayons du soleil ou la douce clarté de la lune. Lorsqu'ils ont charmé leurs yeux en contemplant cette magnificence, ils entrent dans des bassins merveilleusement polis ; des captives les baignent, les oignent d'huile parfumée, leur donnent de moelleuses tuniques, de somptueux vêtements ; et ils vont s'asseoir sur des trônes auprès de Ménélas, fils d'Atrée. Une esclave s'avance avec une magnifique aiguière d'or, verse l'eau qu'elle contient dans une urne d'argent pour baigner leurs mains ; puis elle place devant eux une table brillante. La vénérable intendante du palais dépose sur cette table le pain et les mets nombreux, en les offrant avec abondance. ( Le serviteur chargé de couper les parts apporte des viandes diverses dans des plats élevés, et il présente à tous les convives des coupes d'or. )

Le blond Ménélas, présentant la main droite à ses hôtes, leur parle en ces termes :


«  Prenez quelque nourriture et réjouissez-vous. Quand vous aurez terminé ce repas, nous vous demanderons qui vous êtes ; car la race de vos ancêtres ne peut avoir péri dans l'oubli. Sans doute vous êtes issus de rois portant le sceptre, et chéris de Jupi-

  1. Nous traduisons comme Dugas-Montbel ζειἁσ (vers 41) par épeautre, à l'exemple de traducteurs de Strabon.
  2. Homère entend par ἐνώπια (vers 42) les murs de la façade d'une maison. Ces murs étaient en partie couverts par le portique, et c'était contre cette façade qu’on avait l'habitude de remiser les chars. Quand ce mot se trouve joint, comme ici, à l'épithète παμφανόων, il veut dire que cette partie de la muraille était brillante, parce qu'elle était ou exposée au soleil ou ornée de pièces de métal.