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LES ABERRATIONS DE L’OUÏE


ment plus rien pour des âmes simples, mais des musiques primitives qui sont en véritable communion avec les sens humains.

Et, nous disons les sens « humains » parce que nous ne parlons ici que de l’espèce humaine, mais les animaux sont tout aussi sensibles à la musique que les hommes.

C’est avec le rythme différent des tambourins qu’en Afrique, l’ardeur guerrière ou le désir voluptueux s’exprime et se communique dans les nerfs et le sang des auditeurs.

C’est le chant ardent et mélancolique des instruments qui, dans les pays slaves, coule des ardeurs et des sauvageries féroces sous l’épiderme des femmes et des hommes.

La volupté espagnole jaillit des rythmes des danses nationales.

Toute la passion effrontée de la race italienne s’échappe de ses chansons populaires aux motifs si canailles et pourtant d’autres fois si candides et si délicieux.

Le vice s’exaspère en nos rythmes de bastringue, et le grand mystère de la volupté exotique surgit des musiques bizarres de l’Inde, de Java, de Chine.

Pour que la musique prenne sur les sens une action passionnelle influente, il est nécessaire de pouvoir s’absorber dans le rêve.