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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/210

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L’AMOUR SAPHIQUE

Or, en amour, il faut bien reconnaître que l’attrait de l’inconnu est le principal ; une fois percé le mystère de l’amante ou de l’amant, survient soit une bonne et tiède amitié lorsque les caractères se conviennent, soit une animosité, un agacement, une répulsion lorsque déplaisent les particularités qui, peu à peu, se sont précisées dans l’individu et l’ont fait apparaître en silhouette nette devant l’autre.

C’est le charme de l’inconnu qui jette les amants dans les bras l’un de l’autre ; c’est la connaissance précise de l’être que l’on a aimé qui amène la satiété et le dégoût.

Plus l’illusion est vive, plus l’amour et le désir sont passionnés.

Dans l’amour lesbien, l’illusion et l’inconnu de l’amante sont fortement atténués par le fait de la similitude des sexes, des éducations, des tendances et des sensations sexuelles.

Par conséquent, au point de vue intellectuel, l’amour saphique ne peut être qu’inférieur à l’amour entre sexes différents.

Il faut naturellement mettre à part certaines créatures mal douées au point de vue de la beauté, ayant un caractère très masculin, n’ayant jamais, pour ainsi dire, été traitées en femmes, et qui sont pourvues de la faculté de s’émouvoir à l’égal des hommes pour les charmes féminins