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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/217

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LES LESBIENNES SENTIMENTALES

Or, aucune relation intime n’existait entre ces deux femmes ; elles avaient leur sexe en dégoût ; la caresse trop pratiquée les lassait et les répugnait ; leur liaison était toute spirituelle. Elle n’excluait pourtant point le désir de la fidélité corporelle chez l’autre.

Mlle C… admettait volontiers les corvées d’amour de son amie auprès d’hommes qui la payaient : ceci était un devoir professionnel. Mais elle se révoltait à l’idée que l’autre se donnerait par plaisir à un homme ou à une femme.

Beaucoup de femmes galantes, excédées de leur vie, meurtries par la brutalité physique et morale de leurs clients et de leurs amants de cœur accourent à l’amour lesbien comme à une purification, une idéalisation du mystère passionnel.

L’amante est une amie, une confidente ; celle avec qui l’on pleure, pour qui l’on se dévoue avec exaltation, que l’on admire, que l’on adore passionnément.

Trop habituées au geste passionnel, tout amour implique pour elles la joie physique ; elles cherchent naturellement le spasme chez leur amante ou provoqué en elles par celle-ci ; pourtant la sensualité n’est pas le but de leur liaison, elle en devient simplement la conséquence.