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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/223

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LES LESBIENNES SENTIMENTALES

Comme, en même temps on s’efforce de la maintenir chaste, si le tempérament sensuel ne s’impose pas en elle, on arrive à créer dans la jeune fille un être hybride bizarre qui, à la fois, rêve perpétuellement d’amour, et s’effraie des réalités de celui-ci.

Ne sachant rien des vérités de la vie, ne pouvant pas comprendre que l’homme, délivré de la perpétuelle obsession intellectuelle de l’amour par les préoccupations de sa profession, ne lui accorde que ses élans charnels, elle rêve d’un amour impossible.

Si son mari est suffisamment doux, qu’il sache ne pas briser en elle brutalement ses illusions, elle se résigne à une vie sentimentale tout autre que celle qu’elle a rêvée et reporte sur ses enfants toute son exaltation. Si, au contraire, le mari est maladroit et brutal, la femme profondément ulcérée est conduite au besoin de trouver une compensation en dehors de son ménage.

Elle va alors vers l’amant si elle conserve des illusions sur l’homme ; elle se tourne vers la femme si celles-ci sont irrémédiablement écroulées en elle.

Les philosophes, les sociologues, les psychologues se plaisent à déclarer communément que non seulement les sensations et les sentiments de la femme en amour sont différents de ceux de

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