médiocres plaisirs que vous lui offrez ne sont pas
les seuls à la portée des créatures. Et, moins ils
lui seront familiers, plus elle souhaitera les connaître,
tentée par l’inconnu, attirée par le défendu.
Traiter sa femme par le sèvrement de toutes les
joies qui, en somme, sont son droit, c’est l’infaillible
moyen de se l’aliéner, de la jeter dans
les bras de celui ou de celle qui promettra de
lui révéler le paradis où vous refusez de la guider. »
Ceux qui déconseillent le second parti argumentent ainsi :
« Vous forcez la femme à sortir du sentier paisible et glacé qui a été le sien jusqu’au seuil du mariage ; vous l’habituez aux ivresses, aux luxures ; vous lui créez des besoins et des curiosités : comment pouvez-vous supposer que vous serez capable de satisfaire tout ce que vous aurez engendré en elle. Assouplissez ses sens, affinez sa sensualité et vous la précipiterez fatalement vers la recherche de joies plus nouvelles et plus aiguës, de compagnons de plaisir plus experts ou tout simplement autres que vous-même. »
Les deux opinions sont au fond fort justes.
Cela reviendrait-il donc à cette conclusion que, quelque conduite que l’on suive, la femme se tournera toujours vers les voies que vous souhaitez lui interdire ?