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LES SOCIÉTÉS SAPHISTES AU XVIIIe SIÈCLE


ceux que l’on goûte dans l’union des deux sexes.

« Il n’en est pas de même des plaisirs de femme à femme ; ils sont vrais, purs, durables et sans remords. On ne peut nier qu’un penchant violent n’entraîne un sexe vers l’autre ; il est nécessaire même à la reproduction des deux ; et, sans ce fatal instinct, quelle femme de sang-froid pourrait se livrer à ce plaisir qui commence par la douleur, le sang et le carnage ; qui est bientôt suivi des anxiétés, des dégoûts, des incommodités d’une grossesse de neuf mois, qui se termine enfin par un accouchement laborieux qui vous tient pendant six semaines en danger de mort et quelquefois est suivi, durant une longue vie, de maux cruels et incurables.

« Cela peut-il s’appeler jouir ? Est-ce là un plaisir vrai ?

« Au contraire, dans l’intimité de femme à femme, nuls préliminaires effrayants et pénibles, tout est jouissance ; chaque jour, chaque heure, chaque minute cet attachement se renouvelle sans inconvénient : ce sont des flots d’amour qui se succèdent comme ceux de l’onde, sans jamais se tarir[1]. »

Et plus tard, Mlle Sapho fait le procès de la

  1. Les Sociétés d’amour au XVIIIe siècle, par Hervez. Daragon, éditeur.