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LES SOCIÉTÉS SAPHISTES AU XVIIIe SIÈCLE


tribades ; car dans cette académie de lubricité il y a un prix décerné au couple le plus hardi : une médaille d’or où est représentée la déesse Vesta avec tous ses attributs. »

Dans une autre société, celle des Aphrodites qui admettait les deux sexes, il était admis que, lorsque les hommes feraient défaut, se reposeraient, ou s’amuseraient entre eux, les femmes sauraient se passer d’eux. Et comme en ce temps tout se rimait, voici les vers qui se colportaient :

Il est des dames cruelles
Et l’on s’en plaint chaque jour ;
Savez-vous pourquoi ces belles
Sont si froides en amour ?
Ces dames se font entr’elles,
Par un délicieux retour,
Ce qu’on appelle un doigt de cour.

Du reste, Mlle Raucourt et tant d’autres ne se contentaient pas du temple anandryn, elles recevaient chez elles nombre de jolies inassouvies ou couraient la ville, déguisées en hommes, afin de satisfaire leurs passions.

Les chroniques du temps enregistrent toutes ces mœurs sans autrement s’en indigner, témoin le Journal de Le Barbier, qui était pourtant un bourgeois de vie paisible, nullement mêlé aux