Page:L’indépendance de la Corée et la paix.djvu/34

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« Le résident Anglais fait ce portrait du Coréen et conteste l’autorité militaire Japonaise, que même la population civile du Japon réprouve :

« En vertu de la loi militaire sous laquelle gémit la Corée entière, le Coréen doit être aveugle, sourd, muet, sans défense.

« Aveugle, il lui est défendu de lire des journaux du Japon non censurés ; sourd, il ne doit pas écouter les histoires de la récente résurrection de la Pologne ; muet, il ne doit pas exprimer ses propres aspirations ; sans défense, la nation demeure impuissante devant la garnison des soldats qui la possèdent. Aucun Coréen ne peut quitter son territoire, même pour aller au Japon ; sa correspondance est censurée dans les courriers, sa personne est fouillée sur les trains et dans les rues. J’ai vu moi-même un passant quelconque maintenu et fouillé par des gendarmes dans les rues principales de Séoul.

« Quoi d’étonnant à ce que le peuple Coréen organise résolument la résistance, c’est sa politique… Il n’y eut ni agressions, ni jet de pierres (sauf quand quelques tramways furent endommagés), ni tentatives incendiaires… Mais ici même, dans la capitale, sous les yeux des observateurs étrangers les soldats du 78e régiment essayèrent de réprimer les démonstrations par la force et les armes.

« Samedi dernier, par exemple, nous vîmes une procession, de peut-être 300 personnes, dans la partie ouest de Séoul, chargée à la course par une compagnie de soldats, baïonnette au canon, et les fuyards furent ainsi poursuivis à travers les jardins privés des résidents de Grande-Bretagne et d’Amérique et poignardés… Je vis un homme étendu, sans connaissance, la tête broyée à coups de crosse et ses habits éclaboussés de sang. À la nuit les gendarmes vont à travers les rues déchargeant leurs révolvers pour effrayer les habitants, tandis que des visites domiciliaires sont opérées par centaines.

« S’il en est ainsi dans la capitale, c’est bien pire dans les districts de la campagne, et quelques étrangers ont été témoins de scènes déchirantes. D’autres provocations à Séoul et ailleurs sont le fait des civils Japonais qui s’arment de massues et de crochets de fer et se précipitent sur les manifestants.

« Trois points principaux peuvent être facilement établis dans la situation présente :

« 1o Que l’on ait recours à quelque remède autre que la répression par la force brutale, car les méthodes allemandes ne sont plus de saison ;

« 2o Que les faux rapports insinuant que les Coréens étaient un peuple dégradé et décadent, cessent. En donnant aux Coréens des facilités égales, ils sont capables de produire un personnel administratif équivalent à celui des Japonais ;

« 3o Qu’il faille combattre la conviction trop répandue que l’influence Américaine est à la base de cette agitation Coréenne, car elle n’est pas fondée… Déjà trois sujets britanniques ont été emprisonnés à tort, et un d’entre eux fut sévèrement rossé par une populace Japonaise de civils et de gendarmes… »

Témoignages de missionnaires. — Le même article cite une autre lettre d’un missionnaire de Corée, le révérend Paul-B. Jenkins, lettre apportée en Chine par un courrier spécial pour la soustraire à la censure Japonaise et envoyée par la poste Américaine au « Literary Digest ». Après le récit des manifestations, le Dr Jenkins ajoute :

« … Les Chrétiens étant ici en majorité, dimanche fut particulièrement tranquille, quoique aucun service ne fut autorisé. Une foule de fidèles s’était réunie, chantant et acclamant. La police et les soldats vinrent à la charge, mais elle ne se dispersait que pour se réunir ailleurs. Elle poussait des cris sauvages quand un des siens tombait aux mains de la police. Mais elle ne faisait d’autre résistance que de prier à genoux, et les pauvres policiers ne savaient que faire. »

« … Des Coréens n’ont aucune sorte d’armes, mais les soldats font feu sur eux, jettent à terre les passants et prennent les jeunes filles par les cheveux, les vieillards des deux sexes sont battus jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus marcher.

« … Deux des dames du « Methodist Episcopal » (Américain) furent frappées dans le dos avec la crosse d’un fusil. Une de nos dames (Américaine) fut envoyée rouler sur la chaussée.

« Un Japonais, non chrétien, qui fut témoin de ces atrocités déclara qu’il protesterait devant les autorités, et un chrétien Japonais dit « J’en suis si malade que je peux à peine me soutenir. » Et un autre : Ils traitent les Chrétiens Coréens comme les Turcs, les Arméniens !… De petits villages éloignés viennent des histoires épouvantables. Plusieurs églises de campagne ne sont plus que ruines, les fenêtres, les lampes, les cloches et les accessoires de communion brisés, les bibles et les livres d’hymnes brûlés. Tous les chrétiens qu’on découvre sont torturés comme seuls les Huns et les Japonais peuvent le faire. Dehors dans quelques endroits de la campagne il semble que tous les efforts tendent à supprimer la Chrétienté du Nord.

Courage indompté des coréens. — Il arrive récemment de l’Extrême-Orient des histoires terrifiantes. À Wei-Ju, Corée du nord, une compagnie de soldats Japonais se tint prête baïonnette au canon pour charger la foule des manifestants. Les Coréens enlevèrent immédiatement leurs vêtements, ouvrirent leurs chemises et offrirent leurs poitrines aux poignards. Le courage manqua