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Page:La Beaume - Le Koran analysé, 1878.djvu/18

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ne demandèrent à cette générosité que la satisfaction de leur sensualité. Les Vandales qui les firent disparaitre ne se heurtèrent à aucune institution, à aucun principe social qui retardât leur triomphe.

Eux-mêmes disparurent à leur tour au bout de moins d’un siècle, ne laissant d’autre souvenir que celui de leur brutale avidité. Une poignée de soldats, conduits par Bélisaire, pour le compte de l’Empereur d’Orient, Justinien, en eut promptement raison.

Les Grecs continuèrent les errements de leurs devanciers en les assaisonnant des mille et une petites misères qui finirent par énerver Constantinople elle-même.

Les deux dernières invasions arabes, d’Arabes d’Arabie, entendons-nous bien, qui eurent lieu, notamment dans notre Algérie, au VIIe siècle, eurent bientôt tout balayé devant elles.

Il est inutile de s’arrêter à la période turque. Tout le monde sait à quoi s’en tenir sur l’Osmanli : il campe et ne s’implante pas.

La France doit faire mieux que ses prédécesseurs dans le principal des postes qui lui sont échus en Afrique. Elle doit comprendre qu’elle sera toujours maîtresse de la situation en Europe si elle parvient à constituer de l’autre côté de la Méditerranée, un peuple qui vive de sa vie, qui ne soit qu’un avec elle. L’émigration européenne ne suffirait pas pour cela. Le Français, moins aventureux qu’on ne se le figure, ne consent pas facilement à aller si loin qu’il n’entende plus chanter les cloches de son village. Et puis, chaque nouveau pas fait en avant par la démocratie rendra la métropole plus chère au travailleur. L’Anglais, si peu assimilable, a ses Indes orientales, son Australie, son cap de Bonne-Espérance, son Canada ; l’Allemagne, la grande pourvoyeuse des Etats-Unis, préfère à la nôtre une terre qu’elle n’a pas à disputer à nos infinies méticulosités administratives ; il n’y a guère à espérer qu’il s’établisse un véritable courant d’émigration venant de l’Espagne et de l’Italie : ne faut donc pas négliger l’indigène musulman, il faut, au contraire, s’en emparer. Il ne peut aujourd’hui nous aimer, nous qui nous sommes emparés du sol dont il s’estimait le propriétaire incommutable et qui avons changé les conditions économiques dans lesquelles il y vivait ; mais pourra, comme il en est advenu de tant d’autres populations conquises, s’habituer à nous qui lui aurons créé de nouveaux besoins, inspiré de nouvelles idées.

Le tout est de s’assurer d’un moyen d’influence morale.