Des deux voies où s’engage l’école védique et sacerdotale, l’une, celle de la gnose, se greffait sans doute sur la puissance qu’une superstition presque universelle attribue à la connaissance de mots et de formules réputés mystérieux ; l’autre était celle du sacrifice. Toutes deux pouvaient aisément converger en harmonisant leur discordance sous le vocable commun de « Brabman ».
Cependant, pas plus que le respect des rites ne supprimait le prestige de l’ascèse, l’exaltation moniste n’épuisait la curiosité spéculative. Le « Yoga » qui devait discipliner et systématiser l’effort ascétique, en discerner les degrés et les effets, ouvrait une voie parallèle ; au-dessous de la vision éblouie de l’unité, la recherche philosophique consacrait au monde des réalités, à l’analyse plus ou moins serrée de ses éléments, un travail de classification et d’énumération d’où sortit aussi son nom de « Sâṃkhya ».
Assurément, toutes ces vues tendaient à se constituer en enseignements particuliers, en darçanas : Vedânta, Sâṃkhya, Yoga, Mîmâṃsâ. Dans la période ancienne, elles n’apparaissent pas encore ordonnées en théorèmes définitifs ; bien moins sont-elles ressenties isolément comme sources de vérité exclusives et inconciliables. Ce sont des tracés de pensée indépendants. Elles gardent une plasticité favorable à toutes les combinaisons ; et