Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/28

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l’on s’affaire moins de comparer leur valeur rationnelle que de les compléter les unes par les autres et de multiplier d’autant les moyens de salut.

On entrevoit, des lors comment des doctrines diverses — expression des plus primitives intuitions où survivances de superstitions vénérables, tentatives de réflexion spontanée ou essais hésitants de généralisation — purent se rejoindre dans une atmosphère pacifique ; elles y demeuraient en suspension, prêtes soit à se rapprocher, soit à servir des initiatives religieuses qui entendaient s’en parer beaucoup plus qu’elles ne s’en déduisaient.

Le développement d’une caste sacerdotale nombreuse, maîtresse de l’activité intellectuelle, à laquelle son pouvoir social et son autorité professionnelle assurent beaucoup de liberté avec beaucoup de ressources, le goût spontané de la race pour les classifications et sa mysticité naturelle créent ici une situation unique.

Morcellement infini des enseignements consacrés, sous une multitude de maîtres autonomes, tant au rituel qu’à d’autres objets, au fur et à mesure qu’ils prennent corps ; mobilité des étudiants qui, en attendant qu’ils deviennent maîtres à leur tour, se trouvent, dans leur carrière volontiers itinérante, à même de puiser à