Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/31

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Ne faut-il pas bien plutôt renverser les termes ? Ce n’est pas de la Re-mort (punarmṛityu, c’est-à-dire, en réalité, punaḥpunarmṛityu) qu’est sorti le Saṃsâra ; c’est la popularité acquise à la doctrine du Saṃsâra qui aurait suggéré soit de doubler Mṛityu, la mort, d’un équivalent marqué au coin de cette doctrine, la mort répétée, Punarmṛityu, soit de placer sous le patronage d’un grand sage brahmanique ce nom auguste du « Karman », dans lequel se fondaient et la conception du mérite moral et la vieille notion brâhmanique de la toute-puissance du rite.

Dans ses cercles privilégiés, la classe sacerdotale prolongea bien au delà des temps où elles purent jouir d’une action générale et populaire — ne pourrait-on pas dire qu’elle les prolonge aujourd’hui encore ? — les traditions qui formaient le trésor de ses croyances propres et le fondement de son autorité. Les brâhmaṇas sont des manuels du ritualisme védique. Leur cycle littéraire représente beaucoup moins des idées en formation que des combinaisons, verbales ou légendaires, propres à glorifier pratiques et notions consacrées. Les doctrines différentes qui, agissant ou dominant à des étages inférieurs, n’ont pas eu le pouvoir de s’individualiser en symboles autonomes, ne s’y manifestent que par occasions. Affleurement sporadique qui atteste du moins leur préexistence.