Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/38

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De toute cette spéculation, la Bhagavadgîtâ reflète avec une particulière évidence le caractère composite, les flottements et les imprécisions. Elle s’ordonne à un fait beaucoup plus général, mais elle l’éclaire vivement ; elle nous aide à en saisir le caractère et à en apprécier la portée.

La foi des Bhâgavatas est florissante dès le iie siècle avant notre ère. Plusieurs inscriptions l’attestent ; dans l’une d’elles, un Grec, Héliodore, envoyé d’un roi hellénique du Nord-Ouest, Antialkidas, la confesse ; il lui consacre un monument pieux. On ne peut douter que, à l’heure ou elle se manifestait ainsi, élevait des temples et étendait ses conquêtes à des prosélytes étrangers, elle ne fût loin déjà de ses débuts. Un document comme la Bhagavadgîtâ, où la pensée des Bhâgavatas se présente sous une forme encore très générale, peu systématisée, doit être antérieure à des monuments où le rayonnement de la secte se signale par des édifices importants et une propagande heureuse.

On a tout naturellement essayé d’en préciser la date en se fondant sur des indices directs empruntés au texte. Ces tentatives n’ont mis en lumière aucun argument décisif. Elles s’accordent mal ; elles flottent entre le iiie siècle avant et le