Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/39

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iiie siècle après notre ère. Comment balanceraient-elles des conclusions que paraissent commander des témoignages épigraphiques ? Des deux dates, la plus haute se rapproche seule des vraisemblances.

La Bhakti a certainement dans l’Inde de très profondes racines. Elle est beaucoup moins un dogme qu’un sentiment ; ce sentiment, toute la suite de l’histoire et de la poésie en atteste la vitalité puissante. Déjà, dans les hymnes védiques, l’enthousiasme pieux éclate en expressions vibrantes de quasi-monothéisme ; le goût passionné de l’ « Un » pénètre la plus ancienne métaphysique : les Hindous même âryens, étaient largement préparés à s’incliner devant des unités divines. Les personnalités surhumaines devaient sortir en nombre de la fermentation religieuse que, au-dessous du niveau traditionnel, favorisait, avec les mélanges ethniques, le pullulement des traditions locales et qui poussait au premier plan des figures comme Vishṇu, Kṛishṇa, Çiva, soit entièrement nouvelles, soit renouvelées par leur importance imprévue. Il n’était besoin pour cela d’aucune action étrangère. La notion d’un Dieu personnel conçu sous l’aspect religieux et sans raideur philosophique, sans exclusion expresse de tout un polythéisme subordonné, n’est pas une découverte qui éclate à un certain jour. L’idée