Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/70

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suivent leur nature. Qu’y pourraient les remontrances ?

34. Toute impression d’un sens, quel qu’il soit, réagit en désir ou en aversion ; il faut échapper à l’empire de l’un et de l’autre ; ce sont nos ennemis.

35. Mieux vaut accomplir, fût-ce imparfaitement, son devoir propre que remplir, même parfaitement, le devoir d’une autre condition ; plutôt périr en persévérant dans son devoir ; assumer le devoir d’une autre condition n’apporte que malheur.

ARJUNA dit :

36. Sous quelle impulsion l’homme s’engage-t-il, malgré qu’il en ait, dans le péché, ô Vârshṇeya, comme entraîné de force ?

BHAGAVAT dit :

37. C’est cet attrait, c’est cette aversion, nés, l’un et l’autre, du guṇa rajas, qui est le grand Vorace, le grand Méchant[1] ; sache que là est, ici-bas, l’ennemi.

38. Comme le feu est masqué par la fumée, le miroir par des taches, le fœtus par des membranes, ainsi tout cet univers est enveloppé par lui.

  1. Notion semi-mythologique semi-symbolique de « Pâpman », le mal ou le péché personnifié, celui qui, dans la légende bouddhique, paraît dans le rôle de Mâra Pâpman, « Mâra le Méchant ».