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Ce don, ratifié par ses fils Alain et Eudon, la même année, comprenait une foule de redevances productives dont on verra le détail dans le Cartulaire : elles se levaient sur les chevaliers comme sur les vassaux non nobles, « cum equitibus et villanis. » Il nous suffira d’indiquer ici que, pour la perception des coutumes et des rentes seigneuriales, soumise à la surveillance d’un prévôt féodé qui était en même temps juge temporel pour l’exercice de la juridiction abbatiale, le fief de Pleubihan était divisé en trêves[1].

Il y avait en 1030, dans la partie orientale de la ville de Rennes, « in suburbio, » en face de la porte principale de la cité, « ante portam civitatis magnam, » ouvrant sur le « forsbourg de la Baudrairie, » et dite au xive et xve siècles « porte Baudraere, » — il y avait un ancien moustier, une église dédiée à saint Pierre. On l’appelait « Saint-Pierre-du-Marché » — ecclesia ou monasterium Sancti Petri de foro — parce qu’elle était située sur la grande place où se tenait le marché forain des bourgeois, à ciel ouvert. Il ne faut pas le confondre avec le marché couvert — la Cohue — qui était renfermé dans l’enceinte murée ; il fournissait un des importants revenus du domaine ducal.

Alain III et sa mère donnèrent cette église de Saint-Pierre à l’abbaye de Saint-Georges, avec un droit de bouteillage qui consistait en ceci : Tout habitant de Rennes qui vendait vin dans les limites du cimetière de ladite église, devait à Saint-Georges la redevance d’une bouteille sur chaque tonneau plein, d’une demi-bouteille sur chaque demi-tonneau.

Il faut lire dans le Cartulaire le récit d’un procès qui eut lieu, vers 1050, au sujet de cette redevance contestée par deux bourgeois de Rennes[2] « en proie aux feux de l’envie

  1. Tres, treu ou tref. — Il y en avait huit en Pleubihan.
  2. Invidic avaricieque æstibus accensi… (Cart., fo 3o.)