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Plusieurs églises furent détruites, à Rennes et aux alentours, par suite des démêlés violents suscités contre le clergé par le duc Pierre ; aussi toute la Bretagne l’appelait-elle à juste titre Mauclerc, surnom qui lui est resté dans l’histoire.

Un acte curieux des archives du Chapitre de Saint-Pierre de Rennes constate qu’en 1231 le duc paya à l’évêque et au chapitre une somme de 2,200 livres pour contribuer au rétablissement des églises détruites par son fait, et de l’aumônerie ou hôpital de Rennes : « Ad opus ecclesiarum dirutarum et elemosinarie Redonensis. »[1]

Une de ces églises fut Saint-Pierre-du-Marché, bénéfice dépendant de l’abbaye de Saint-Georges, et où était desservie une église paroissiale.

On l’a vu ci-devant, le don de Saint-Pierre à l’abbesse Adèle de Bretagne remontait au xie siècle. Le Chapitre de Rennes s’émut de cette disparition d’une ancienne paroisse de la ville. Il s’adressa à l’abbesse de Saint-Georges en lui demandant de reconstruire l’église détruite ; et pour l’y engager plus vivement, il lui fit don de la chapelle de Saint-Sauveur, dans la cité de Rennes, et de son droit de patronage sur cette chapelle. Le curieux titre où ce fait historique est établi porte la date du mois de janvier 1230 ; on le trouvera à l’Appendice.

Il résulte des renseignements fournis par les archives du monastère que la paroisse de Saint-Pierre-du-Marché ne fut pas rebâtie dans l’emplacement primitif qu’occupait l’édifice détruit. Les religieuses, pour remplir l’engagement contracté aux termes de la convention de 1230 avec le Chapitre, au lieu d’entreprendre une construction nouvelle, donnèrent asile à la paroisse de Saint-Pierre dans leur propre basilique abbatiale ; elles lui consacrèrent tout le transept avec le collatéral

  1. Cette somme équivaudrait aujourd’hui à plus de 300,000 fr.