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de l’abbaye, et trois tours furent élevées entre le chevet de l’église abbatiale et l’entrée actuelle de la rue des Francs-Bourgeois, qui n’existait pas alors. Le plan de Rennes, dressé en 1720 par Forestier, fait clairement comprendre l’état des lieux. Les trois tours dont je viens de parler furent appelées la tour Neuve, — la tour des Nonnes — et la tour de la Harpe.

Les travaux pour clore la « ville neufve » se prolongèrent pendant vingt-six années ; on y travaillait encore en 1448. L’année suivante, 1449, on entreprit la troisième enceinte, qui fut nommée la « nouvelle ville. » Elle enferma, dans le circuit de ses douves et de ses fortifications, le quartier où existaient, dès le xiie siècle, l’hôpital et le prieuré de Saint-Thomas, où venait d’être fondé le couvent des Carmes, tout ce qu’on appelait alors « le forsbourg de Toussaint, » enfin le territoire dit « le Champ-Dolent, » le tout situé au Midi et sur la rive gauche de la Vilaine. La fin du xve siècle ne vit pas terminer cette troisième enceinte, à laquelle on ne mit la dernière main que dans le commencement du xvie siècle.

Les archives de Saint-Georges abondent en pièces relatives aux incidents qu’amenaient toutes ces constructions successives ; on y trouve de curieux renseignements sur les pertes et les préjudices que causeront au monastère l’ensemble et la répétition des mesures décrétées par les ducs, et exécutées par les bourgeois pour la fortification et « emparement » de leur ville de Rennes.

Aux requêtes et aux réclamations des religieuses, les ducs répondaient par des lettres et mantlcments qui constatent les dégâts occasionnés par le bouleversement des terrains de l’abbaye, la dépossession qui s’ensuivait ; ils accueillent les plaintes du couvent spolié, et promettent des indemnités. Mais la liquidation et le paiement de ces indemnités, après mille difficultés soulevées par les officiers de la juridiction