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qui furent intermédiaires entre le trépas et la sépulture de ladite dame, qu’il est vrai de dire que, de mémoire d’homme, on n’avoit point veu dans cette ville, d’obsèques plus magnifiques et plus célèbres par le grand nombre de personnes régulières et séculières qui y assistèrent, de toutes conditions et qualités. »

Magdelaine de la Fayette était, depuis 1652, coadjutrice de sa tante Françoise, à qui elle succéda comme abbesse en 1663. Elle fut bénite le 4 octobre par Mgr  de Villemontée, évêque de Saint-Malo, un des plus savants et des plus pieux prélats de son temps, et dont l’ancien diocèse de Saint-Malo a gardé un précieux souvenir. Mgr  Mathieu Thoreau, évêque et comte de Dol, assistait à la cérémonie, ainsi que dame Marguerite de Morais, abbesse de Saint-Sulpice, encore une de ces femmes distinguées qui a laissé dans son monastère une mémoire vénérée par la sagesse de ses réformes et de sa législation.

J’ai retrouvé — par hasard — sur un fragment de parchemin qui avait servi de reliure, l’épitaphe de Magdelaine de la Fayette, morte le 24 juillet 1688. C’est un témoignage contemporain bon à consulter ; en voici le texte avec les lacunes que je n’ai pu combler :

« Cy gist Magdelaine de la Fayette qui fut abbesse de ce monastère : elle etoit de l’illustre maison de la Fayette. Son esprit répondoit à sa naissance ; mais sa piété surpassoit l’un et l’autre. Si l’on conte son reigne par les années, elle a esté abbesse vingt-et-cinq ans ; si l’on en juge par les regrets de tout le monde, ce temps n’a paru qu’un moment. Scachant se commander à elle-même, elle n’eut pas de peine à commander aux autres. Elle ordonna beaucoup de choses par ses parolles, encore plus par ses exemples. Elle donna des loix ; mais ces loix mêmes surent… Elle reserra la discipline régulière, mais par les liens de la charité. Luy