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pour demeurer quitte des tailles et mangers que percevait l’abbaye sur ses vassaux, ainsi que des droits, profits et émoluments qu’elle tirait du marché ou cohue de Tinténiac, dont ledit Olivier restait concessionnaire.

Enfin, une dernière observation à l’appui de ma thèse — qu’il ne faut pas confondre Tinténiac et Montmuran — c’est que ce dernier château est éloigné de Tinténiac de la distance d’environ deux lieues. Ce ne peut donc pas être là le primitif château de Tinténiac du xie siècle, castrum in Tintenniaco.

On me pardonnera cette digression, un peu longue peut être, sur la distinction que je me crois fondé à établir entre les deux chefs-lieux successifs du grand fief de Tinténiac. L’étude des textes du Cartulaire de Saint-Georges m’a semblé une occasion toute naturelle de rectifier la confusion et l’erreur que me semble avoir commises le P. du Paz.

On trouvera encore dans le Cartulaire un autre exemple de concession féodale de même nature. Geoffroi, fils de Salomon, obtenait vers 1050, du comte Eudon et de sa sœur l’abbesse Adèle, le droit d’édifier un château-fort, dans un lieu appelé Nulliacum[1], en reconnaissant relever directement de l’un et de l’autre. Il prenait, du reste, les mêmes engagements que le châtelain de Tinténiac, sous la foi du serment prêté sur les Évangiles et les reliques des saints. Le fief de Geoffroi était rendable, c’est-à-dire qu’il devait, dans certains cas, livrer et rendre sa forteresse à son suzerain, qui se réservait le droit de l’occuper avec ses hommes d’armes pendant ses guerres. Quatre otages, « obsides, » fournis par Geoffroi et ses héritiers, répondaient de leur fidélité.

De plus, Geoffroi fit ratifier la convention par douze de ses

  1. Noyal ? peut-être, ou bien Nouille, sur le territoire de Mordelles.