Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/103

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18 ESTIENNE DE LA BOÉTIE refiitence d’0ngles, de `cornes, de bec & de pieds, qu’elles declarent affes combien elles tiennent cher ce qu’elles perdent; puis, eftans prifes, elles nous donnent tant de lignes apparens de la congnoiffance qu’elles ont de leur malheur, qu’il eft bel à voir que 5 dores en là ce leur eft plus languir que viure, & qu’elles continuent leur vie plus pour plaindre leur aife perdu que pour fe plaire en feruitude. Que veut dire autre chofe l’elephant qui, ûeitant defendu iufques à n’en pouuoir plus, n’i voiant plus d’ordre, IU eftant fur le point d’eftre pris, il enfonce fes machoires & cafïe fes dents contre les arbres, iînon que le grand defir qu’il a de demourer libre, ainii qu’il eit, luy fait de l’efprit & l’aduife de marchander auec les chaffeurs ' fi, pour le pris de fes dens, il en fera quitte, &. fil IS fera receu à bailler fon iuoire & paier cefte rançon pour fa liberté? Nous apaftons le cheual deilors qu’il eit né pour Pappriuoifer à feruir; & il ne le fçauons nous li bien flatter que, quand ce vient à le domter, il ne morde le frein, qu’il ne rue contre l’efper0n, 20 comme (ce femble) pour monitrer à la nature & tefmoigner au moins par là que, fil fert, ce n’eft pas de fon gré, ains par noitre contrainte. Que faut il donc dire? Mefmes les bœigïsfoubs le pois du ioug geignent, 25 Et les oüaus dans la caige È plaignent, VARIANTES I nences, ils feroyent (à mon aduis) 19: atant flatter ». de liberté leur nobleiïe ». 2;. « mais par noftre c0ntrainte». 1. « de pieds, de bec ». 25. afous les pieds». 2. « combien tiennent >>. · 27. « i’ay dit ailleurs, paffantxi. 17. « comme il eft nay ». zg. « defqucls ie ne lis ».