Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/113

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maiftre ce ieune gars: Que ne me donnes vous vn poignard? Ie le cacherai fous ma robe : ie entre fouuent dans la chambre de Sylla auant qu’il foit leué, i’ay le bras affes fort pour en defpefcher la ville. Voilà certes vne parolle —vraiement appartenante à 5 Caton : c’eft0it vn commencement de ce perfonnage, digne Ide fa mort. Et neantmoins qu’on ne die ni fon nom ai fon pais, qu’on conte feulement le fait tel qu’il eft, la chofe mefme parlera & iugera l’on, à belle auenture, qu’il eftoit Romain & né dedans Romme, io & lors qu’elle eftoit libre. A quel propos tout ceci? Non pas- certes que i’eftime que le pais ni le terroir yvfacent rien, car en toutes contrees, en tout air, eit amere la fuietion 82 plaifant d’eftre libre; mais par ce que ie fuis d’aduis qu’on ait pitié de ceux qui, en I5 naiffant,` fe font trouues le ioug au col, ou bien que on les excufe, ou bien qu’on leur pardonne, ii, n’aians veu feulementl’ombre de la liberté & n’en eftant point auertis, ils ne ûapperçoiuent point du mal que ce leur eft d’eItre efclaues. S’il y auoit quelque païs, comme 20 dit Homere des Cimmeriens, où le foleil fe monftre · autrement qu"à nous,l & apres leur auoir efclairé fix mois continuels, -il les laiffe fommeillans dans l’obf- curité fans les venir reuoir de l’autre demie annee, ceux qui naiftroient pendant celte longue nuit, ûils 25 vnnxinrns

1. « ce noble enfant dit à son maistre »

5. « Voyla vrayement vne parole appartenante à Caton ».

10. « dedans Rome,mais dans la vraye Rome, & lorsqu’elle estoit libre ».

13. « y parfacent rien ».

14. « ell contraire la fuietion ».

18. « n’ayans iamais veu ».

20. « S’il y a ».

24. « sans les venir receuoir ».

26. « f>ils n’au0icnt oui parler ».

30. « sinon apres le plaisir, &