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Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/175

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car ceux qui la feruent le mieux, ce font ceux qu’elle recompenfe de plus grands biens. Mais ii par fois il furuientvne groffe armee d’ennemis, qui empefchent 35 ceux qui font eitat de l’agriculture de vaquer a leur befongne, ils ont au moins ceft auantage, qu’eItans vaillamment nourris à. la peine, ils font prefts 8L defia fournis de cœur & de corps pour pouuoir, li Dieu ne leur ef}; contraire, aller aux terres de ceux qui leur 40 font le deftourbier, & là. prendre fur eux des viures pour fe nourrir. De vray, fouuent, en temps de guerre il ell: plus feur de chercher des iviures les armes au poing, qu’auec les outils de l'agriculture. L’agriculture Bellescom- apprent encore de ûentraider l’vn l’autre: car il faut pamwm 45 aller à la guerre en compagnie, & en compagnie au trauail du labourage. Celuy donc qui voudra faire bien les terres, il faut qu’il face les ouuriers gaillards & courageux, & volontaires à obeïr; & cela mefme doit moyenner celuy qui mene les foldats à. la guerre, . _ 59 en faifant des prefents à ceux qui font ce qu’il faut que les gents de bien facent, en chaftiant ceux qui font le defordre. Et fouuent eft befoing que le mef- nager crie à fes ouuriers & leur donne cœur, aufïi bien que le capitaine aux foldats: & ii les ferui— 55 teurs efclaues maintefois n’ont pas moins de befoing que les hommes libres, ains beaucoup plus, qu’on les contente de bonnes efperances, à fin qu’ils tien- nent bon &. ne bougent. Et vrayement celuy là L’Agricul- difoit bien qui appelloit Pagriculture la mere &, la 60 nourrice de tous les autres arts. Car ii Pagriculture d“,#;g°`° eltbien, les autres font bien auiïi; mais là où la terre eft contrainte de demeurer en friche, les autres