Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/176

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90 ESTIENNE DE LA BOÉTIE meftiers fe meurent quafi tout par tout, & par mer & par terre. · Chap.10. Adonc, Critobule, oyant cela, luy dit: le treuue certes bien fort bon ce que tu dis, finon qu’en la plus part des chofes de Pagriculture il eft impoiïible 5 aux hommes d’y pouruoir ne d’y mettre ordre. Car les grefles, les brouillarts, les feichereffes, les excel`- fiues pluyes, les vermines, & plufieurs autres chofes emportent fouuent tout ce qui aura efté au labourage bien penfé & bien executé; & quelquefois vne maladie IO furuenant tue miferablement tout vn parc de beftail, le mieux nourri qu’il ell: poiïîble. A cela Socrates Que pieu refpondit: Or penfois-ie certes, ô Critobule, que tu

 fçeuffes que les Dieux font aufïî maiftres de l’agri—

dH°"t’€' culture comme des affaires de la uerre. Et ie crois 1· %,iîï%t que tu prens bien garde commentgà la guerre, auant 3 "°};'?e§£Ã°‘· aller aux faétions, chafcun ûeffaye de fon cofté de <‘·i hvnnmn gaigner la bonne grace des Dieux, & met peine d’en- _ tendre d’eux, par facriüces & par augures, ce qu’il faut faire ou laiffer. Et en la mefnagerie des champs, 20 penfes tu qu’il faille moins gaigner les Dieux & les rendre fauorables? Car tu fçais bien que les fages, & pour les grains, & pour les fruits, & pour les bœufs, & les cheuaulx, & menu beftail, & pour tout ce qu’ils ont, honorent les Dieux&les feruent.Tu parles certes 25 comme il faut, ô Socrates, m’aduertiffant que ie tafche de ne commencer chofe aucune que auec le plaiiir des Dieux, de tant qu’ils font feigneurs de tout ce qui appartient à la paix & à la guerre: ie m’eiï0rceray doncques d’en vfer ainfi. Mais reprens, ie te prie, le 30 propos de la mefnagerie, en_l’endroit où tu 1’auois