Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/180

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94 ESTIENNE DE LA BOÉTIE U forme, & bien mauuaife l’ame. Pour cette caufe, ie me refolu de laiffer à part ce qui paroit bel à la veuë, & d’aller tout droit chercher quelqu’vn qui Dappellaft Bel-&—Bon. Voilà pourquoy ayant ouy dire qu’entre les hommes & les femmes, les eitrangers & les 5 . citoyens, on donnoit ce tiltre à Ifchomache, ie deli- hîïzîflis beray d’entrer en propos auec luy. Vn iour doncques, ëplag/ans le voyant aflis au portique qu’on appelle de Iuppiter de Socrates , _ , , am le franc, pour ce qu’1l me fembloit eftre de loiiir, 16 mh°"mhe" m’aduançay vers luy, & m’eftant afûs aupres, luy dis: IO Qu’eit ce à dire, ôlfchomache, que toy, qui n’as guieres accouftumé d’eltre oifîf, es maintenant aüis ici fans rien faire? Car la plus part du temps ie te ` vois ou faifant quelquechofe par la place, ou ne chaumant que bien peu. Encore, ô Socrates, dit Ifcho— x5 mache, ,m’y verrois tu maintenant, fi ie n’auois arrelté auec quelques amis miens de les attendre ici. Mais, di ie lors, puis que tu n’es pas empefché à telles chofes, pour Dieu dis moy où demeures tu? que fais tu? car certes i’ay vn merueilleux delir d’enten- zo dre de toy, à quoy faire tu· as recouuert le nom de Bel-&-Bon. Car à eftre cafanier ne l’as tu pas gaigné; &aufîi ton port & la difpofition de ta perfonne femble bien n’en tenir rien. Lors Ifchomache fe print à rire fur ce mot que i’auois dit, comment il Peftoit fait 25 appeler Bel-&-Bon; & tout ioyeux, ce me fembla, parla ainlî 2 Si on me nomme de ce nom, ô Socrates, quand ion parle à toy, ie n’en fçay rien; mais quand on me demande pour contribuer à Pentretien des galeres, & à la fourniture des ieux, ie ne vois pas que 30 perfonne demande le Bel-Sr.-Bon, mais tout clerement