Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/188

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ioz ESTIENNE DE LA BoÉT1E que la mere des abeilles a dans la rufche, qui ell: ·caufe que toutes les moufches à miel ont telle affec- tion enuers elle, que ii elle laiffe le bornail, elles ne la laiffent pasj & n’y en a vne feule de toutes qui veuille demeurer derriere? Ma femme me refpondit : Certes 5 ie trouue bien eftrange que la charge de cette mere ne touche à toy plus qu’à moy; car, à inon aduis, ce ne feroit que mocquerie de la garde ny du mefnagement · que ie fçaurois faire en la maifon, Ii tu n’auois le cœur de faire porter dedans quelque chofe. Et vne grande ro moequerie de moy auiïi, dis-ie, d’y faire rien porter, fil n’y auoit perfonne dedans qui gardait les chofes qui y feroient portees. Vois tu pas comme il va de ceux qu’on dit puifer Peau auecques des feaux percez, & comment l’on n’a pas pitié d’eux, de ce qu’0n les 15 voit fe donner peine pour neant? Ouy, dit elle, & de vray ils font miferables, Fils le font ainfi. Encore auras . tu, dis-ie, d’autres penfemens qui te feront propres & plaifans, à mon aduis, comme quand tu auras prins Chamlzriere vne chambriere qui n’entende rien à faire la laine, de 20 à ¤~W·2~¤r· . . . . . la mettre au melt1er& l’enfe1gner, & ainfi la faire valoir pour toy le double de ce qu’elle vâloit. De mefme, smmm a quand par fois d’VÉ€ feruante que tu prendras mal- . apprendra habile à feruir & nlentendant rien à manier le faiét de la defpenfe, tu en feras vne bien apprife, loyale & 25 diligente, que puis apres tu tiendras fi chere, que tu ne voudrois l’auoir donnee pour chofe du monde. Quelle autre encore plaifante occupation pour toy, quand tu pourras à ton gré faire bien à eeux que tu verras fages &.faits au profit de la maifon, & chaitier auîïi ceux qui 30 te fembleront mal conditionnez? Mais fur tout le plus